Il n'est pas étonnant qu'un pipier allemand se soit attaché à réaliser une pipe postillon
car outre-Rhin l'image du Posthorn fait partie du quotidien. L'instrument, quoique
très stylisé, y est resté le symbole de la poste jusque sur la boite à lettre de Peter, Paul ou Jakob.
Quand un Allemand acquiert une résidence sur le territoire français il n'est pas rare de le
voir afficher promptement sa germanitude sur la voie publique par une boite décorée de l'icône
Est-il étonnant qu'un emblème qui a accompagné un peuple depuis le XVème siècle participe à ce point à l'identité nationale ?
Axel Reichert [1], artisan pipier à Merzig (Saarland), participe de la tradition du cor de postillon à sa façon. Mais il se démarque nettement des autres réalisations en matière de pipes.
Pour un artisan internationalement reconnu il n'est pas question de verser dans les courbures simplettes de tuyau. Par ailleurs, la technique du perçage courbe, très couteuse en temps, serait peut être incompatible avec une gestion rigoureuse de sa production. Quant aux extravagances dont a fait preuve le pipier italien Radice, elles sont assez éloignées de la recherche de la légendaire robustesse germanique.
Il fallait donc trouver une autre voie.
Ici on suggère plutôt que de verser dans les perçages complexes.
Suggestion, illusion, faux semblant ? Certains pourraient même crier au scandale voire à la tricherie !
Il faut s'y résoudre, le perçage de cette pipe est réalisé en ligne droite.
Néanmoins mon objection ne porterait pas sur le contournement de l'obstacle technique mais plutôt sur la cohérence du projet.
Puisque l'objectif était de toute évidence de donner l'impression d'un looping, pourquoi avoir rétréci ou aplati la boucle au point de créer un goulot d'étranglement qui détruit d'emblée dans notre imaginaire l'éventualité d'un passage de la fumée par le méandre ?
Spielverderber !
[1] Autre article autour d'une pipe d'Axel Reichert :