Varices

Il faut bien l'admettre : certains artisans qui réalisent généralement des pipes de qualité peuvent s'égarer et produire de temps en temps des modèles échappant complètement à notre entendement au point d'inspirer la réprobation.

Alors que ces colonnes soulignent par ailleurs une réalisation exceptionnelle du pipier japonais Okamura, force est de constater que ce même artisan peut sombrer dans l'indélicatesse la plus répréhensible.

Pensez donc ! Voici une jambe de femme dont on met en évidence une insuffisance disgracieuse. Même si elles sont extrêmement répandues, les varices (latin varix : tordu) n'en restent pas moins une affection aux effets éminemment inesthétiques.

Pourquoi alors les exposer ostensiblement sur une pipe-jambe ? Au nom de quel réalisme ce pipier désire-t-il nous mettre sous le nez cet aspect anatomique si peu reluisant ? Cela constitue une provocation pour tout amateur de galbes subtils, admirateur de peaux diaphanes et autres passionnés de silhouettes harmonieuses.

N'importe quelle autre forme de pipe aurait convenu pour une finition rustiquée. Mais une pipe-jambe : ah ça, non !

Pour nous changer les idées après ce triste spectacle, et pour respecter nos habitudes de présentation des pipes nipponnes, un bonsai de ma collection vient compléter le billet.

Il s'agit cette fois-ci d'un couple d'ormes champêtres (Ulmus campestris) prélevés en forêt au début des années 1980 et surpris ici au tout début du printemps.