Paul Lanier

La pipe sculptée est un genre en soi. Lorsque des pipiers tout à fait respectables par ailleurs, s'y essaient, la mise en scène du sujet - souvent une tête humaine ou animale - souffre de manques patents. Quand des sculpteurs tentent l'expérience, ce qui est nettement plus rare, la pipe reste un objet décoratif plus qu'un instrument de fumage. Autrement dit, pour réussir dans ce domaine il faut une double compétence et rares sont ceux qui réunissent les qualités nécessaires pour aboutir à une pipe intéressante.

Paul Lanier incarne sans conteste celui qui a réussi à produire des pipes sculptées jamais égalées tant par la qualité du rendu que par la variété des sujets abordés dans une oeuvre particulièrement abondante. Sculpteur de formation, son travail recouvre des thèmes animaliers (Fables de La Fontaine, les trois singes, les chevaux, les oiseaux...), historiques (Effigies d'hommes célèbres : De Gaule, Kennedy, Mozart...) ou même des objets (Gramophone ). Son imagination alliée à ses talents artistiques a aussi exploré avec humour des domaines plus marginaux, plus chauds... : l'éternel féminin.

Il joue avec les mots, il s'amuse de l'expression typiquement française - "pipe culottée" - qui désigne une pipe dont le foyer est garni du fameux dépôt protecteur de carbone (le culot).

On est loin des strings qui ondulent sur les plages de Copacabana. C'est une bonne culotte en coton, bien robuste, ornée de petites dentelles, qui, si j'ai bonne mémoire, aurait été plus réaliste en rose. Elle est de celles que l'on découvrait jadis sur la banquette arriere d'une Simca 1000... Mais notre homme sait se tenir. Le bon goût imposait évidemment le modèle noir pour faire écho au tuyau de la pipe.

Remarquez au passage le galbe généreux de la fesse, les rondeurs qui remplissent joliment les 3 g de coton, les solides cuisses qui viennent se confondre à la jonction, avant le tuyau, pour nous rappeler qu'en définitive il s'agit, après tout, d'une pipe.

Quoiqu'il en soit, cette pipe est autrement plus attrayante que celle d'Anne Julie sur le même thème.