Foyer rehaussé

Cette pipe-cigare illustre assez bien ce qui peut se passer lorsqu'on arrive dans une impasse.

Comme une autre pipe décrite dans ce chapitre, elle essaye un chargement traditionnel de tabac (par le haut). Or cette géométrie allongée limite terriblement la taille du fourneau. Si on désire l'augmenter tout en gardant la forme initiale, il faut augmenter aussi la masse de racine de Bruyère mais relativement plus que pour une pipe ordinaire.

Les deux pipes sont exactement du même modèle.

L'idée ici consiste à installer une rehausse au foyer de la pipe pour palier à l'inconvénient d'un volume restreint. Un petit rebord, assez mince, et qui permettra de bourrer sa pipe avec un peu plus de tabac. Les désavantages de cette démarche sont multiples.

D'abord, on réalise une culotte (bord supérieur du foyer) qui sera fragile, sensible aux chocs et qui va souffrir sous l'action répétée de la flamme du briquet ou de l'allumette.

Ensuite, on subordonne l'esthétique de la pipe à des considérations techniques. Le principe même de ce type de pipes est sa forme "jet", son aérodynamisme rigolo. Sacrifier ce qui fait leur essence pour des considérations utilitaires, est-ce la bonne démarche ? Essayer d'en faire une fumeuse hors pair ou égaler les caractéristiques des pipes classiques n'est pas vraiment le propos avec les pipes-cigare, et cela n'a pas été compris, à mon sens, par les auteurs de ce modèle.

Le design, le vrai, c'est la conception d'objets à la fois parfaitement ergonomiques, aux formes innovantes avec les matériaux congruents. Ce mariage est rare et c'est pour cela qu'il fascine.

En se penchant sur les aberrations du design on va de surprise en stupeur mais on en tire des enseignements sans arrêt renouvelés alors que la perfection consensuelle, quant à elle, finit par ennuyer.