Circoncision d'une pipe

Pour le fumeur de pipes-cigare, la forme ramassée, compacte et plutôt avantageuse de ces pipes se paye chèrement par quelques désavantages à l'usage. Pour charger en tabac ces pipes dans leur version Zeppelin, il est nécessaire de les démonter. On peut constater par ailleurs dans ce chapitre comment cela a pu être contourné par ceux qui conservent la forme oblongue et ont aménagé un chargement traditionnel du fourneau par le haut.

Le modèle dans cet article ne nécessite pas de démontage tout en conservant le principe du fumage "à l'horizontale". Il suffisait d'y penser : on a appelé à l'aide le couvercle. Ce petit accessoire, s'il est parfois prétexte à surcharge, est tout à fait indispensable ici.

On a en effet découpé la partie avant de la pipe ce qui revient tout bonnement à une circoncision (circumcisio = découper autour). Ceci étant, il a bien fallu aménager un couvercle pour éviter la chute des cendres. Evidemment, cela nuit grandement à l'aérodynamisme si caractéristique des pipes-cigare. Mais on y a sûrement gagné en fonctionnalité de l'engin...

Hélas, le fabriquant a sacrifié à la pratique désastreuse du coup de gouge intempestif dans la masse du bois de Bruyère confondant "pipe rustique" avec "rusticage de la pipe". Le rusticage peut donner, s'il est fait avec expertise, une surface du plus bel effet. En revanche les entailles grossières, visibles sur ce modèle, et que l'on trouve souvent sur les pipes américaines d'après-guerre (Custombilt, Mastercraft, ....), ne peuvent être que l'expression d'un pipier au goût douteux.

Cela m'amène à parler de la provenance de ce modèle qui est frappé d'une croix de Malte sur son tuyau. D'autres pipes (y compris d'autres pipes-cigare) possèdent ce signe distinctif, difficilement visible sur l'illustration ci-contre, mais bien réel. Ce logo est parfois accompagné d'une estampille "Made in Malta".

Que cette île bien méditerranéenne ai pu héberger un fabriquant de pipes en Bruyère ne semble pas incongru : La Bruyère y pousse facilement. Cependant la littérature pipière ne fait pas état d'un artisan maltais. Je me contenterai de proposer au lecteur l'illustration dans la partie de ce site qui traite des logos et estampilles (Boschetto).