La Savate d'Or

Article écrit le 28 Février 2010 pour la clôture des jeux olympiques d'hivers qui se sont déroulés à Vancouver (CA).

Les jeux olympiques d'hiver viennent de se terminer à Vancouver : Il était temps. Le téléspectateur français mouillait sa culotte de rire tous les soirs ces deux dernières semaines.

N'allez pas croire que cette incontinence passagère était due aux déconvenues de quelque patineur, descendeur ou slalomeur qui se battait comme il le pouvait sous la bannière tricolore. La cause de cette hilarité quotidienne provenait de la horde des commentateurs - aussi appelés "journalistes sportifs" - qui sévissaient cette quinzaine écoulée à cheval sur deux chaînes télévisées du service public.

Avant chaque épreuve, ils nous rabâchaient que les petits français allaient être bardés d'or, cela n'allait faire aucun doute. Nous allions bien sur être les meilleurs et on faisait mousser la chose à renfort de conjectures, d'hypothèses ou d'interviews qui montraient bien à quel point nos poulains étaient affutés.

Etant donné le décalage horaire, il est tard, vous êtes confortablement vautré sur votre canapé et l'épreuve commence : nos "journalistes" tremblent à la vue des performances canadiennes, spéculent à l'antenne sur un éventuel ratage des suédois, s'esclaffent sur ce russe qui tombe, j'en passe et des meilleures. Quand c'est le tour de l'idole nationale, là, ça vaut vraiment son pesant d'or ! Au départ c'est du "Allez Marie, on est avec toi", "Vas-y Martin, tu peux le faire" sans parler des "ON va y arriver, c'est sur". Et voila qu'il (ou elle) chute, tire à coté de la cible ou manque une porte.

Un cri déchire la nuit.

Puis se succèdent atermoiements, gémissements, lamentations, pleurs, de toute l'équipe des commentateurs. C'est ce moment là qu'il ne faut pas manquer parce que toute la patience dont vous avez fait preuve devant votre écran est alors pleinement récompensée. Quoi de plus comique que cette transition systématique, quotidienne, et pour tout dire, inéluctable, qui fait passer de la ferveur aveugle à la déception la plus noire. Le spectacle n'était plus sur les pistes : grâce à ses clowns, France Télévision nous assurait durant toute la durée de ces jeux des soirées de franche  rigolade.

Pour remercier ces commentateurs, ces anciens sportifs reconvertis en experts, je tenais à leur décerner la Savate d'Or, une des plus hautes distinctions pour incompétence, bide ou fiasco. Cela se fera sous la forme d'une pipe de circonstance : une pipe-ski de l'ancienne marque sanclaudienne PRIOR[1].

 

[1] Plus de détails sur la marque Prior